Kundera – L’Insoutenable Légèreté de l’Etre

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Il est des romans qui méritent de figurer dans notre bibliothèque rien pour que l’éloquence de leur titre. L’insoutenable légèreté de l’être en fait indéniablement partie. Au delà cet intitulé génial, Kundera nous gratifie d’un livre qui offre de multiples lectures et traite de plusieurs thèmes : l’amour, le sens de l’existence, l’Histoire (avec un grand “H”).

Au récit romanesque, l’auteur intègre ses propres éléments de réflexion et son discours, ce qui permet au lecteur de bénéficier en plus de la profondeur psychologique des personnages, d’une dimension supplémentaire. Kundera fonde son œuvre autour de deux notions: la légèreté et la pesanteur. Selon lui, la légèreté caractérise les sociétés occidentales modernes où les êtres ne sont pas attachés à des principes et sont avant tout à la recherche de la liberté, de leur jouissance personnelle. Cette légèreté s’oppose à la pesanteur excessive de la société communiste (dont le ridicule est parfaitement illustré dans La plaisanterie).

“Il semble qu’il existe dans le cerveau une zone tout à fait spécifique qu’on pourrait appeler la mémoire poétique et qui enregistre ce qui nous a charmés, ce qui nous a émus, ce qui donne à notre vie sa beauté. […] J’ai déjà dit que les métaphores sont dangereuses. L’amour commence par une métaphore. Autrement dit : l’amour commence à l’instant où une femme s’inscrit par une parole dans notre mémoire poétique.”

L’action se déroule à partir de 1968, le roman est bâti autour de Tomas, médecin tchèque. Tomas est un Dom Juan invétéré mais on découvre rapidement que son libertinage est en réalité une quête de transcendance. Son personnage balance entre légèreté et pesanteur tout au long du roman. Ces deux pôles sont représentés d’un côté par Tereza qui cherche l’Amour, de l’autre par Sabina, incapable de se lier durablement à un homme et qui s’inscrit dans une fuite en avant permanente. L’ensemble des personnages est entraîné dans le flot de l’Histoire et progresse chacun vers sa vérité au fil des pages.

“Le drame de la vie peut toujours être exprimé par la métaphore de la pesanteur. On dit qu’un fardeau nous est tombé sur les épaules. On porte ce fardeau, on le supporte ou on ne le supporte pas, on lutte avec lui, on perd ou on gagne. Mais au juste, qu’était-il arrivé à Sabina ? Rien. Elle avait quitté un homme parce qu’elle voulait le quitter. L’avait-il poursuivie après cela ? Avait-il cherché a se venger ? Non. Son drame n’était pas le drame de la pesanteur, mais de la légèreté. Ce qui s’était abattu sur elle, ce n’était pas un fardeau, mais l’insoutenable légèreté de l’être.”

Pour certains, L’insoutenable légèreté de l’être ne sera que le pendant tchèque et mélancolique de L’amour au temps du choléra de Garcia Marquez. Pour d’autres ce sera un roman philosophique, un puits sans fond de réflexion et d’introspection. Enfin, d’autres achèveront le roman complètement indifférents. En somme, chacun y trouvera ce qu’il souhaite y trouver. Ce roman se révèlera sans doute comme un classique de la fin du 20ème siècle. A lire absolument !

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